mardi 29 septembre 2009

Descanso et vélo fantôme ...

L'Unesco définit la culture, dans son sens le plus large comme étant « (...) l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. »

Dans le contexte d'une telle définition de la culture, les rites et rituels funéraires sont bel et bien des traits culturels. Et ce n'est pas par goût du macabre que j'ai choisi d'écrire une note sur le phénomène du descanso.

Descanso est le mot espagnol pour désigner les mémorials improvisés, en bordure des routes, à la mémoire des accidentés. Ce qu'on appelle en anglais 'road side memorial'. (Quel serait le terme français ?) Il s'agit de désigner l'endroit où une personne est morte subitement et de façon innatendue. Il ne s'agit pas de désigner le lieu d'une scépulture, mais bien le dernier lieu où une personne a été vivante. L'origine du descanso remonte sans doute à une époque où, pour des raisons diverses, les personnes étaient inhumées sur le lieu même de leur décès.

En août dernier, dans les environs d'Albuquerque au Nouveau-Mexique, un tel mémorial à fait son apparition, mais il s'agissait non pas d'une croix, ou de bouquets de fleurs, mais bien d'un 'vélo fantôme' (ghost bike) à la mémoire d'une victime récente, une cycliste. Un petit vidéo* d'une station télé locale nous relate la nouvelle.

Il semble bien que depuis quelques années la culture cycliste ait généré sa propre variante du descanso, tout à la fois rite funéraire et énoncé politique, statement percutant sur la cohabitation vélos et véhicules moteurs...

Il existe un site internet au sujet de ces ghost bikes, site qui nous apprend leur histoire, les endroits où ils ont fait leur apparition un peu partout dans le monde, incluant au Canada. On peut aussi voir de très belles photos noir et blanc de quelques uns de ces mémorials dans un diaporama produit par le New York Times.

Je n'avais jamais entendu parler de ces mémorials et je les trouve fascinants. Précisément le caractère fantomatique du vélo tout blanc - couleur de la mort dans nombre de cultures - qui lui confère une grande élégance, une sobriété que n'ont pas, il me semble, les fleurs de plastique et les articles religieux...

[* L'extrait vidéo est en anglais, et il est précédé d'une courte pub, désolée!]

vendredi 25 septembre 2009

Tout compte fait

Petit matin frisquet pour un trajet matinal du quartier St-Michel jusqu'au Vieux Montréal. Mais je ne me plains pas, bien au contraire. Je me réjouis de chaque journée additionnelle où je peux aller au boulot à vélo. Pour le pur plaisir de la dépense physique. Pour le bonheur d'être dehors au moins pendant ces courts trajets de l'aller et du retour. En fait, il arrive même que ce soit les meilleurs moments de ma journée. Avouons-le, tous les boulots ne sont pas ... transcendants. Et puis, en ce mois de septembre, c'est un peu comme un compte-à-rebours vers le temps froid et l'hiver.

Mais ce matin, précisément parce que je me dirigais vers le Vieux Montréal, je pensais aussi aux coûts liés au travail au centre-ville. Et pendant que je moulinais dans l'air frais, je faisais mes comptes. Et plus je compte, plus j'appréhende les frais qu'entraînera pour moi le retour de l'hiver.

Comme travailleuse autonome confrontée à la logistique d'un grand nombre de déplacements quotidiens, cueillettes et livraisons de boulots, et la plupart du temps, pour de courtes visites, le transport en commun n'est pas l'idéal, particulièrement en dehors des heures de pointe parce que je passerai littéralement ma vie dans le métro et dans l'autobus à quadriller le Montréal métropolitain dans tous les sens. Quand la saison ne sera plus propice au vélo, je devrai donc me résoudre à nouveau à prendre la voiture. Yuk! Triple yuk.

Depuis la dernière hausse de tarifs des parcomètres de la Ville de Montréal (et celles des stationnements publics et privés qui suivit immédiatement), c'est qu'il faut avoir les poches bien garnies pour s'amener en voiture sur l'île de Montréal, et tout particulièrement dans le centre-ville ou le Vieux-Montréal.

Mais ce matin, mon rapide calcul me fait sourire : je sais que ce vélo, acquisition que je ne pouvais justifier rationnellement au moment de son achat, sinon qu'il répondait au pur principe de plaisir, s'est complètement rentabilisé en moins de temps qu'il ne m'en faut pour dire parcomètre !

L'argument économique en faveur du vélo n'est plus à faire. Je le sais. Mais pour les quelques sceptiques qui restent, je vous le dit : à 3$ de l'heure le parcomètre, et à 12$, 15$, 18$ et parfois plus, pour à peine une demie-journée de stationnement, il a fallut moins d'une saison pour rentabiliser ma monture. Parce que non seulement je calcule les coûts de stationnements, mais l'essence en moins, moins d'usure sur le véhicule. Et fini les copieuses contraventions pour parcomètres expirés !

Comment serai-je récompensé pour cette belle action citoyenne d'avoir remplacer une voiture par un vélo dans la circulation montréalaise : en payant plus d'impôts à la fin de l'année. En effet, pour les travailleurs autonomes, une partie des coûts liés a l'utilisation d'un véhicule automobile sont des dépenses admissibles. Mais à ce que je sache, le Ministère du Revenu ne prévoit rien pour le vélo, son acquisition, son entretien, les sacoches, le porte-bouteille, le cadenas, alouette. Vivement une réforme de la fiscalité pour les cyclistes!

jeudi 24 septembre 2009

Retour en images sur le salon Expocycle




Les cyclistes urbains ont le goût de rouler sur des vélos ayant plus de caractères, plus de style. L'intérêt grandissant pour des vélos de ville plus "esthétiques" est notable. On ne considère plus le vélo comme simple objet à deux roues, mais comme véritable déclaration de status de cycliste urbain.
Les réactions au Salon Expocycle, à la Place Bonaventure, à Montréal, l'ont bien montré. L'esthétique, la fonctionnalité et l'efficacité sont à l'honneur.

lundi 21 septembre 2009

Voyage en Amérique avec casque à vélo

Je reviens d’un long voyage où j’ai visité plus d’une douzaine d’états du MidWest et du Nord-Ouest américain et j'ai été à même de me rendre compte tout au long de ce voyage que ma pratique urbaine de la bicyclette avait clairement redéfinie ma façon de voyager ailleurs.

Je suis une cycliste ordinaire. Rien d'héroïque. Je fais les courses à vélo. Et c'est aussi à vélo que je me rends presque chaque jour à mes divers boulots dans le grand Montréal. L'adoption de ce nouveau mode de transport depuis avril dernier m'a d'abord fait redécouvrir les quartiers de ma ville, faisant de moi une touriste dans mon propre milieu.

C'est probablement pourquoi, bien que ce n’est pas le premier long voyage que je fais en sol nord-américain, c’est le premier où il me semblait tout naturel d’apporter mon vélo. Je ne pouvais pas m'imaginer être des semaines, des mois, sans vélo! Et l'idée de me déplacer constamment en voiture dans des villes et des villages à découvrir me répugnait tout à coup. Donc, pour ce voyage ci, c’est AVEC bicyclette à bord, et grâce à elle, que j’ai pu visiter des lieux fabuleux.

Je pense à une piste cyclable le long du fleuve Columbia, en Oregon. J’y ai observer un aigle adulte qui pêchait sous mes yeux, et retournait nourrir les aiglons dans un de ces nids juchés sur des plates-formes, bâties dans le cadre de programme de réintroduction de cette espèce.

C’est aussi sur cette piste cyclable que j’ai pu voir de visu, à mes pieds, toute la flore particulière des ‘high deserts’ (déserts en altitude) que je n'avais entre aperçue jusque-là qu'au loin, sur les flancs des montagnes, dans les ravins d'autoroutes. J'ai pu m'enivrer des odeurs particulières de cette flore si différente en pédalant dans la chaleur de la fin de l'après-midi par une chaude journée d'été.

Je pense à des petits centre-ville et quartiers historiques où c'eût été l’enfer de circuler en voiture. Par exemple, Rapid City dans le Dakota du Sud. Une ville qui, même avec la multiplication des commerces de type big boxes tout le long de son Interstate, a su conservé un centre-ville vivant et dynamique, bien garni de boutiques, galeries, restos, et divers lieux d'intérêts historiques.

Je pense à de plus grosses villes, j’ai nommé la mecque de l’intégration vélo-transports en commun : Portland, Oregon. Quel bonheur ! Presque l'impression d'avoir sous les yeux une utopie pour piétons et cyclistes.

Je pense à Ogden, en Utah, où j’ai pédalé tout mon sou dans des vergers de citronniers, d'abricotiers, de cerisiers, dans une vallée située entre un vaste plan d’eau à l'extrémité nord du Grand lac salé et les Wasatch, montagnes chauves à l’allures de paysage lunaire.

Et nombre de petits bleds qui, s’ils paraissaient sans grand charme à l’arrivée, haltes où nous séjournions dans des campings génériques, interchangeables, se sont révélés être des lieux merveilleux, transformés grâce à une simple ballade à vélo, randonnée qui non seulement changeait mon rayon d’action et de découverte, mais me permettait de découvrir les choses dans un rapport de proximité, et où, tout à coup, tout était au rendez-vous, les choses, les gens, l’esprit du lieu. La magie des lieux opérait complètement.

Quelqu’un a dit : il n’y a qu’en auto que le monde est plat. En effet, piétons et cyclistes savent que le monde n’est ni plat, ni platte. J’ai savouré ces journées rendues délicieuses par l’absence du stress lié à la sempiternelle quête du stationnement dans une ville qu’on ne connaît pas. Et chaque jour, oh combien j'ai goûté ce que le vélo provoque invariablement : ce ralentissement salubre, pour ne pas dire nécessaire, du rythme de la vie.

Même dans des tout petits bureaux d’information touristiques, kiosques saisonniers établis au sein de petits commerces locaux, j’ai été surprise de constater que lorsque je demandais la carte des pistes cyclables, l’on me remettait presque toujours quelque chose. De la carte couleur, format géant, papier glacé, jusqu’à la simple photocopie n&b, 8 1/2 x 11, en passant par un travail laborieux du préposé, traçant au surligneur directement sur un exemplaire de la carte routière officielle, le réseau embryonnaire des pistes de sa localité. Chaque fois, les gens, avait un tel enthousiasme à nous informer, nous diriger, presque du zèle! Comme si nous étions, enfin arrivés, nous, des touristes d’un genre nouveau qu’ils attendaient sans y croire.
Visiblement, la tendance - du touriste qui débarque avec son vélo - est en train de changer les pratiques touristiques, jusque dans les confins de l’Amérique profonde.

Peut-être ferons nous mentir le dicton Vietato introdurre cicilette* - dénonciation mi-drôle mi-amère dans un fragment du même titre par l'écrivain Argentin Julio Cortazar dans son recueil Cronopes et Fameux.

Je ne peux m'empêcher de penser à des voyages précédents, entre autres ceux effectués en Georgie, en Alabama, dans le Sud profond, et à comment ces voyages auraient été si différents si j’avais eu ... deux roues plutôt que quatre. Il y a tant de choses à voir et à faire, et malheureusement trop peu de temps et d’argent! Mais à coup sûr, il n'est jamais trop tard pour changer sa façon de voyager et de voir le monde.

*bicyclette interdite

Photographie : À Hardin au Montana, le propriétaire d'un petit camping a décidé de ceinturer son terrain de vieilles bicyclettes. Il a commencé par deux bicyclettes 'vintage', qui lui avaient appartenues en propre. Puis les habitants du village ont trouvé l'idée sympatique, et il lui ont apporté d'autres bicyclettes. Au fil des ans, la clotûre improvisée s'est étendue jusqu'à maintenant faire presque tout le tour de son camping.

lundi 14 septembre 2009

Dring Dring





Dringdring, comme le nom l'indique, ce sont des sonnettes de vélo. Mais des sonnettes particulières car peinte à la main. Dringdring c'est l'oeuvre, ou plutôt les oeuvres de la Montréalaise Annie Legroulx. Et même si elle offre la possibilité de faire imprimer des versions personnalisées, elle préfère de loin le "fait main", telle est sa démarche.

Sous ses aires de petite fille naïve, Annie Legroulx se révèle être une femme d'affaire dynamique et sûre d'elle, convaincue et convaincante. Designer industriel de formation et soucieuse d'environnement, Annie Legroulx a choisi de n'utiliser que des peintures non toxiques, sans solvants, cuites au four pour accentuer leur résistance.

La revue de presse de la jeune compagnie fondée en 2005 est impressionnante. Pour répondre à la demande croissante, car sa petite entreprise a prit rapidement de l'expansion, Annie Legroulx a engagé quelques peintres qui reproduisent fidèlement ses concepts. Et c'est de toute beauté. Variées, colorées, amusantes, ces sonnettes ont de quoi égayer votre monture et de plus, elles ont un son joyeux.

Dringdring
www.dringdring.com
Annie Legroulx
514 891-1676
annie@dringdring.com