jeudi 4 février 2010

Réunion de travail chez Urbanista


Bike Stack '09-2- 33, 2009 Oil monotype on paper 11" x 30" Taliah Lempert

Petite réunion de travail au blogue Urbanista : Suzanne est une cycliste urbaine roulant sur un Classico, qui s'est inscrite sur le blogue afin de devenir coauteure. Alec est éditeur du blogue et designer des vélos Opus.

Suzanne - Je participe au blogue Urbanista depuis quelques mois. J'avoue que la ligne éditoriale, telle que je la perçois, ou devrais-je dire plutôt telles que je perçois ses frontières floues, m'embête parfois.

Alec - Pourquoi?

Suzanne - Je ne suis pas toujours certaine que la note que je m'apprête à publier va cadrer ou pas...

Alec - Oui, il peut y avoir un certain flou, mais c'est ce qui permet de laisser évoluer le blogue sans mettre de limites trop contraignantes. Mais afin de ne pas s'éparpiller et de ne pas être un autre blogue cycliste, la ligne est relativement simple : vélo, urbanité, art et culture.

Suzanne - Je comprends et j'approuve complètement les choses qu'on essaie d'exclure (tourisme, revue de produits, etc.), des sujets qui sont abondamment couverts par des dizaines, voire des centaines d'autres blogues sur le vélo.

Alec - On n'exclut pas le tourisme, du moment qu'il s'agisse de découvrir d'autres réalités urbaines. C'est le cyclotourisme, les grands voyages en vélo qui ne cadrent pas avec le concept urbain de ce blogue. Pour ce qui est des revues de produits, on veut prendre une certaine distance avec le côté commercial. Toutefois, s'il s'agit d'un produit qui s'inscrit dans la philosophie Urbanista, et qui mérite qu'on en parle, il trouvera certainement sa place dans ces lignes. Le but de ce blogue est de promouvoir un état d'esprit, une philosophie, une approche du vélo en ville complètement différente par la pratique du "Slow Bike". Repenser le vélo, repenser le trajet, repenser le blogue.

Suzanne - Ce point aveugle qu'on essaie de couvrir m'est plus difficile à cerner. Peut-être parce que je ne suis pas très "branchée" sur les milieux de cet univers qu'Urbanista tente de définir, ou dont Urbanista tente de témoigner. Je me dis : Urbanista, c'est là où se conjuguent bicyclette (sa pratique) et culture. Pour moi, dans cette équation, la "culture", c'est au-delà de la culture livresque, musicale, picturale, visuelle, etc. Pour moi, la culture, je l'entends dans sa définition la plus large, l'ensemble de toutes les manifestations de l'activité humaine. Et pour le moment, c'est avec ça que je travaille. Alors, je crois que c'est ce qui fait que, parfois, je déborde... Dans le contexte précis du blogue Urbanista, quelle est ta définition de "culture"? Et comment ça se traduit, dans ce blogue, que de conjuguer "bicycle, art et culture"? Est-ce qu'on inclut tous les cas de figures : la "culture" des cyclistes, la culture à l'intention de cyclistes, la culture au sens de produits culturels faits par des cyclistes, etc. Ou la culture (produits culturels, pratiques) qui parle de cyclisme, peu importe son auteur, cycliste ou pas?

Alec - Effectivement, la culture est traitée au sens très large du terme. La culture ici est perçue comme l'ensemble des éléments périphériques à notre façon de vivre, et de surcroît, à notre façon de vivre en ville. Le vélo est une sorte de dénominateur commun des sujets traités, mais il ne s'agit pas tellement de cyclisme dans le sens d'activité, car en ville on ne fait pas de cyclisme, on utilise un vélo, ce qui est très différent comme état d'esprit. Et Urbanista veut pouvoir témoigner de cet état d'esprit.

Suzanne - J'ai repassé en revue les notes déjà existantes, celles qui précèdent mon arrivée, et ça foisonne de contenu très intéressant. Comment expliquer alors qu'il n'y ait pas plus de participants/auteurs? De commentaires? D'interactions? Avons-nous un train de retard : le blogue est-il mort? Est-ce que tout le monde est à surveiller le "ticker" de son Twitter? J'ai ma petite opinion là-dessus, mais j'aimerais t'entendre.

Alec - De voir des remarques, sur Facebook du genre : « Aujourd'hui, je suis en feu! » suivies de 40 commentaires tout aussi insipides me font frémir. Il est quelquefois frustrant de mettre autant d'énergie à bien écrire un billet et de ne susciter aucun commentaire. Mais je ne m'inquiète pas outre mesure, d'une part parce que le blogue est jeune encore et que les statistiques montrent que l'on est lu et relativement attentivement, car les temps de lectures sont bons. En fait, j'entends plus parler de nos billets et de notre blogue par d'autres canaux médiatiques. Je remarque alors que notre travail est apprécié. Quelle est ton opinion? Les blogues se font-ils supplanter par les autres canaux?

Suzanne - L'histoire des médias nous dit que l'invention/l'irruption d'un nouveau médium défini toujours ceux qui précèdent sans pour autant les mettre à mort. La photographie n'a pas tué la peinture, le cinéma n'a pas tué la photographie, internet ne tuera pas tous ces medias. Mais chacun est redéfini dans ce paysage plus vaste, et chacun ajoute à notre vocabulaire, à nos modes d'expression. De la même façon, oui, il est inévitable que le blogue soit redéfini par l'arrivée des autres lieux/médias sociaux, et les blogues ne sont qu'une forme de communauté virtuelle parmi plusieurs autres types de lieux virtuels. Je viens tout juste de lire un court article dans le dernier Wired, précisément sur cette question du blogue, de sa 'popularité', et de comment certains site deviennent presque victimes de la taille de leur auditoire. Trop peu d'interactions, c'est comme un petit cercle d'amis qui jasent entre eux. Trop de monde, et le lectorat se tait, parce que chaque interaction est noyée dans une mer de commentaires, notes, etc. Finalement, le blogue - communauté virtuelle - n'est pas différent d'une communauté réelle. Dans un petit village, tout le monde connait tout le monde, l'information circule rapidement, efficacement. Dans une grande ville, on est dans l'anonymat. Je pense que dans ce paysage médiatique où toutes les frontières sont brouillées, pour mieux se redessiner, le blogue a définitivement sa place. Un blogue n'est pas un fil de presse (à la Twitter). Si je regarde les quelques blogues/sites que je lis régulièrement, j'apprécie qu'il y ait là davantage que de l'information brute, c'est-à-dire une pensée, une ligne éditoriale, une sorte de valeur ajoutée à l'information. Il faut, de plus, comme auteurs de blogue, trouver un équilibre entre la fonction de méta-blogue (pointer en direction d'autres notes, d'autres sites sur la toile) et de chronique éditoriale.

Alec - Quel était ta perception du blogue Urbanista avant d'y adhérer?

Suzanne - J'ai trouvé l'équation vélo+culture très séduisante. Je suis probablement davantage une spectatrice de cet univers, qu'une actrice. Après avoir fait l'expérience du blogue en solo pendant quelques années, je suis devenue "écrivaine invitée" (guest blogger) sur d'autres blogues francophones et anglophones, mais qui ne portent pas sur le vélo. La perspective d'écrire dans un blogue à plusieurs (tel qu'indiqué dans la marge) ne m'intimidait pas. Mon défi est davantage le sujet lui-même. Sans doute qu'il y a aussi là-dedans pour moi un exercice de... vanité. (rires)

Alec - Que voudrais-tu que ce blogue devienne?

Suzanne - Je n'ai pas d'attentes sinon qu'il soit pertinent, qu'il soit lu, fréquenté, apprécié, et qu'éventuellement d'autres collaborateurs rejoingnent la petite équipe. Mais je ne veux ni ignorer, ni succomber à la tyrannie des statistiques de fréquentation.

Alec - J'ai hâte au printemps, alors que les vélos urbains reprendront possession des rues et que les éventuels coauteurs se manifesteront pour partager leurs expériences.
Après l'histoire du faux blogue Bixi, nous nous sommes posés bien des questions. Nous ne le cachons pas, Opus vend des vélos, mais en créant la ligne Urbanista j'ai senti qu'il y avait quelque chose d'autre, que ces vélos suscitaient un intérêt différent. C'est alors que l'idée de présenter le concept, la philosophie Urbanista nous est apparue intéressante. En s'éloignant du côté commercial et en se rapprochant du côté culturel, nous voulions témoigner de notre passion à créer des vélos et à offrir aux personnes qui ne pensaient pas utiliser un vélo sur une base régulière, quelque chose de différent.
Les blogues personnels suscitent bien plus de réactions. Penses-tu que les lecteurs sont réticents à commenter du fait que Opus est une marque?


Suzanne - Il faudrait leur demander... En fait, dans le fond, c'est peut-être "self-explanatory". On commente, on discute, quand il y a matière à débat, réaction, etc. (Exemple : la note sur le Pelle-t-in.) Sinon, on lit, et on continue sa route. Ce qui ne veut pas dire qu'on est indifférent. Pour preuve, on revient périodiquement.
Sur la question de la publicité/du commanditaire : la plupart d'entre nous fréquentons des forums de discussions, des sites, des blogues, autour du vélo ou de bien d'autres sujets, où la pub envahit la page, avec des "gif" animés du genre pub pour régime amaigrissant, ou plan d'investissement douteux; sorte de pollution visuelle irritante que l'on subit sans contrôle sur le contenu. S'il arrive que les gens se plaignent de ces situations, ils s'en formalisent rarement au point de boycotter ces forums, sites, blogues. Alors, entre cette situation là, où l'activité mercantile existe, mais d'une certaine façon occulte, à demie-masquée, et celle du blog d'Urbanista, où l'on est sous la bannière d'Opus, de façon ouverte, je trouve que des deux situations, celle-çi a au moins le mérite d'être transparente. En général je trouve que nous avons tous des rapports ambigüs et ambivalents à la pub. D'une part les gens sont irrités qu'un stade porte le nom d'une chaîne de pharmacies ou qu'un festival porte le nom d'une aluminerie ou d'un fabricant de voitures, mais d'autre part, beaucoup de gens affichent fièrement les logos/labels des vêtements et équipements qu'ils achètent... Patagonia, North Face, Knog, Cocotte, etc. C'est plutôt fascinant comme paradoxe.
À ce stade-ci, quelles sont tes attentes vis-à-vis du blogue Urbanista ?

Alec - C'est clairement de créer une communauté d'urbains, amateurs d'art et de culture et de vélo, et de partager, voire propager la philosophie du "Slow Bike". Mon but premier, en créant la ligne de vélo Urbanista, est de faire aimer la pratique du vélo autant à des cyclistes aguerris qu'a des personnes qui ne pensent même pédaler pour se déplacer. Pour cela, j'essaie de créer une émotion visuelle par l'esthétique et une sensation physique par le design et la géométrie. Je me dis que si on est attiré par son vélo, on aura plus facilement tendance à vouloir l'utiliser. Le but du blogue est aussi de transmettre cette idée, de l'expliquer et de témoigner de la passion créative qui nous habite, toute l'équipe, chez Opus.

Suzanne - Est-ce que tu crois que Montréal a une masse critique suffisante d'amoureux du vélo pour avoir un jour un évènement comme le Bicycle Film Festival ? Ou un autre évènement culturel d'envergure, lié au vélo?

Alec - Montréal est une ville extrêmement dynamique sur le plan culturel et créatrice de toutes sortes d'événements. Rien n'est impossible.
Allez, on retourne au boulot? On continue ce blogue?

Suzanne - Presto!

Oeuvres de Taliah Lempert
www.bicyclepaintings.com
Bike Stack 2009 #18-19 Oil monotype on paper 22" x 30"
Bike Stack 2009 2 #33 Oil monotype on paper 11" x 30"
Bike Stack 2009 #22-23 Oil monotype on paper 22" x 30"
Bike Stack 2009 2 #2 Oil monotype on paper 11" x 30"
Bike Stack 2009 2 #3 Oil monotype on paper 11" x 30"
Old Style Track Bike #6 on Wheat Screenprint on paper 6 x 7"
Lil' Print 18-My Bike on Gray Screenprint on paper 6.5 x 9"
Bronco Bike - Detail Oil on canvas 14" x 16"
Orient Sketch Oil on paper 27.5" x 39.5"

1 commentaire:

Unknown a dit…

Très intéressant cet article. Je lis votre blogue depuis peut-être 4-5 mois et je n'ai jamais ressentie le besoin d'y laisser un commentaire. Pas parce que c'est inintéressant, loin de là. Je comprend bien le point de vu de Suzanne mais je vous assure que vous ne devez pas vous laisser influencer par le fait qu'il y est peu de commentaires. Je travaille dans le domaine du vélo et j'en suis un fervent pratiquant. J'adore votre façon de voir les choses. Mais ce que j'apprécie par dessus tout, c'est l'inexistence d'une quelconque influence commerciale ou publicitaire. Nous pouvons lire entre les lignes votre passion et votre désir de vouloir transmettre le goût du vélo aux lecteurs. Tout simplement. C'est peut-être cette simplicité dans l'état d'esprit de votre blogue qui est beau à voir et qui nous tient assis devant notre écran à chacun de vos articles. Je souhaite ardemment que vous n'arrêtiez pas l'écriture de cet ouvrage sinon je serai obligé d'organiser un "Pellete-in" devant vos locaux!