jeudi 10 décembre 2009

Privatopia

À la fin de mon secondaire, je me souviens d'un prof qui nous a fait tellement suer dans le cours de géographie. Il s'était mis en tête de nous apprendre ce que c'était le phénomène urbain, alors que ce n'était pas au programme. Juste parce que ça le branchait. Juste parce que lui, il était à faire des études en urbanisme. Bref, pendant que les autres groupes se la coulaient douce, nous on trimait dur, et on était vraiment ... cancres. Pauvre prof de géo. Comme il devait nous trouver p-é-n-i-b-l-e-s. Et paresseux. Et empotés!

Je dois donc à son acharnement le fait que je peux à peu près réciter le nom de toutes les ex-républiques Soviétiques, devenues aujourd'hui autant de pays aux statuts flous et instables, constament dans l'actualité politique du village global, ainsi que toutes les provinces de Chine. C'est qu'il était visionnaire notre prof de géo, et qu'il savait que ces coins du globe seraient des points chauds.

Mais surtout, surtout, je lui dois de pouvoir comprendre une ville, du moins en partie, et ce avant même d'y débarquer. Il nous a appris à décoder la ville, à lire les cartes, comprendre les zones, l'organisation, la dynamique d'une aglomération urbaine. Un miracle que tout ça me soit rentré dans la tête!

La ville, c'est une bibitte plutôt complexe. Et si on ajoute à ça les banlieues, le phénomène de l'étalement urbain, les cas de figures sont légion.

Quand on est à vélo, on parcours la ville. Non seulement on prend la mesure de l'espace, des distances, mais on prend vraiment acte, physiquement acte, de la transformation de cet espace au fil des projets, des développements, des réaménagements.

On observe récemment des phénomènes qui font beaucoup réagir dans le grand Montréal. Je pense au quartier Dix30 de Brossard. Au projet Griffintown à Montréal. A la multiplication des quartiers de MacMansions - genre de méga-bungalow sur les stéroïdes, apothéose du consumérisme.

La ville, en particulier la ville nord-américaine, c'est un langage complexe. Bien sûr, il existe 73,247 livres sur le sujet. Mais la vie est courte. On peut pas tout lire. Alors, pour avoir un peu plus prise sur ce glossaire, voici un petit dictionnaire visuel, concis, percutant :
A field guide to sprawl (traduction libre : guide d'interprétation de l'étalement urbain) dont les textes sont de Dolores Hayden et les photographies de Jim Wark.

Principalement composé de photographies pleine pages, ce petit guide se feuillette avec bonheur. C'est qu'on a enfin des mots pour nommer cela même qu'on a vu de nos yeux vu! Cela même qu'on aurait peut-être envie de... dénoncer. Et pour ça, ce serait bien pratique de pouvoir nommer la dite chose qui nous irrite. Comme ces quartiers conçus sans aucun trottoir pour les piétons. Ou les centres commerciaux lovés dans la bretelle d'un autoroute, encore un lieu inaccessible aux cyclistes et aux piétons.

Des mots pour articuler nos désirs de commerces de proximité, de quartiers sécuritaires, de densité de population en milieu urbain, pour que ne meurt pas la ville centre au profit des banlieues. Pour que les banlieues elles aussi soient des milieux de vie à échelle humaine.

Une Privatopia, c'est un quartier à accès limité, où des lois et règlements sont édictés et suivis par les résidents, soit sous prétexte d'une plus grande sécurité pour chacun, ou dans le but de regrouper des ménages partageant le même statut social élevé.

PS Le guide n'est pas traduit pour le moment, mais comme il s'agit d'un glossaire visuel, la lecture en est assez aisée.

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