mercredi 6 octobre 2010

Du caractère viral de la courtoisie

Hier, un merveilleux petit 40 km par 19C, dans la lumière magnifique d'octobre, avec les feuilles aux arbres qui flamboient. La ville, ces jours-là, est délicieuse. Et la ballade idyllique. Mais pas assez pour me faire oublier que ma saison de vélo tire à sa fin puisque je ne suis pas des chanceux et chanceuses qui ont les poumons pour rouler dans le froid hivernal.

Si je repense à cette saison qui s'achève, je suis aux oiseaux. Les occasions de rouler à vélo furent quotidiennes dès notre printemps hâtif. Et mes objectifs avoués de convertir au vélo-boulot quelques personnes de mon entourage : un succès dont je m'enorgueillis. De même pour mes objectifs de rouler sur de plus longues distances : je pars dans quelques jours pour un voyage de cyclotourisme sous des latitudes plus clémentes.

Mais 2010 aura surtout été pour moi l'occasion de pleinement prendre la mesure de notre cohabitation - automobilistes, cyclistes, piétons - puisque lors de ma première sortie en avril j'ai été victime d'un délit de fuite, accrochage qui me fit faire une chute à vélo et une vilaine blessure au dos. Bien que cela aurait pu me coller la peur aux fesses et me dicter un état d'esprit vindicatif, je suis remontée en selle, et j'ai opté pour redoubler de zéle au chapitre de la ... courtoisie.

J'ai été en mesure de constater, tout au fil de la saison, que c'est encore la meilleure stratégie. Oh, ça ne fait pas disparaître de ma route les chauffards et cyclistes délinquants, mais ça me maintient dans un état d'esprit ouvert et détendu, et conséquemment, toutes ces choses m'atteignent moins et ne me gâchent pas le plaisir de rouler en ville. Si on se formalise de tout ce que l'on voit quotidiennement, on ne mettrait plus le nez dehors. Et dehors, c'est là que j'ai envie d'être, par beau temps et temps de pluie.

N'allez pas croire que ça me vient naturellement. C'est un choix éthique qui implique un travail sur soi hardu. Mais j'ai choisi d'en faire le pari. Il faut beaucoup de temps pour changer les mentalités et les comportements. Si la courtoisie ne semble avoir que peu d'impacts dans l'immédiat de son expression sur la route que l'on a tant de difficulté à partager de façon civilisée, je demeure convaincue de son efficacité à long terme. La courtoisie est communicative. Elle est virale!

Combinée aux actions citoyennes qui visent à rappeler à nos décideurs des changements nécessaire au chapitre des lois, de leur respect, des aménagements urbains, etc.; c'est un cocktail explosif que je compte bien reconcocté l'an prochain!

2 commentaires:

Alec a dit…

Bien d'accord. Pourquoi, alors que l'on a le réflexe, pour la plupart d'entre nous, de tenir une porte publique à la personne qui nous suis, ou de faire montre de courtoisie et de civisme envers son prochain "piéton", une fois derrière un volant on ferme tout accès à l'autre par protectionnisme de sa petite place dans le trafic? Pourquoi être si différent?

Est-ce justement parce qu'il s'agit d'un suivant et non pas d'un précédent? Oh, il y là matière à jeu de mots (ou a quiproquo, c'est selon le point de vue).

Quoiqu'il en soit, je ne suis pas fier de nous, car en termes de société distincte, nous nous distinguons effectivement par notre manque de civisme autoroutier.

Suzanne a dit…

Je tente un élément de réponse. En auto, on n'a pas en tête notre vulnérabilité (comme c'est le cas du piéton, du cycliste). On est dans une bulle d'acier, au propre et au figuré. Il y a quelque chose de la pensée magique dans cette bulle. On appuie sur l'accélérateur, sans effort physique significatif, et on s'envole (presque!), on est affranchi de notre corps, tout entier livré à nos seules pensées, désirs, etc. Tout ça à quelque chose d'un peu... dématérialisé, irréel. Et j'ai l'impression que tout ça nous déconnecte du réel et de l'Autre, qu'il soit automobiliste, piéton ou cycliste, cet autre bien réel, en chair et en os, à qui on refuserait ainsi notre courtoisie et notre compassion. De façon plus générale, l'automobiliste unique dans sa voiture, c'est un peu le règne du 'me, myself and I'. Mon auto, mon trajet, mon espace-temps, mon besoin, et tassez-vous de là. Je suis automobiliste un peu moins de la moitié de l'année. Et force m'est de constater que mes mois à vélo changent ma façon de conduire le reste de l'année. Je sais ce que c'est que d'être là, dehors, livré aux éléments, et vulnérable dans la circulation.
Au bout du compte, c'est affaire de culture...

My two cents.