Aujourd’hui Journée des musées montréalais, je ne suis pas la seule à m’être précipitée pour aller voir We want Miles, l’expo de l’été au MBA de Montréal. Pas question pour moi et mes invités d’emprunter les circuits d’autobus gratuits : c’était une journée p-a-r-f-a-i-t-e pour une balade en vélo. J’ai pris le mien, ils ont pris des Bixi, et hop on est partis. Le temps frais, la brise constante, les rues pas trop emcombrées du centre-ville par un dimanche matin, ont fait de l’aller et du retour un pur bonheur.
Quelle merveilleuse proposition que cette exposition sur Miles Davis. Les murs noirs des différentes salles m'ont fait l’effet d’un immense écrin de velours où scintille l’obsidienne pure de son génie. Parce que Miles Davis, c’est un peu comme Picasso : il n’y a pas un Picasso, mais des Picasso. Il y des Miles Davis, et l’exposition nous les donne à voir et à entendre. Miles Davis a lui aussi exercé son art sur plusieurs décennies, et on traverse le siècle avec lui, presque incrédule devant tant de travail, tant d’audace, et surtout tant de rigueur.
On a beau voir toutes ces photos, entendre les extraits sonores, voir quelques extraits vidéos, lire des bouts d’entrevues, des commentaires, le personnage demeure entier, énigmatique. Il y a chez Miles Davis cette Nécéssité, ce moteur, ce feu qui couve, qu'aucune de ses excentricités vestimentaires ou ses frasques de diva ne parviennent à masquer.
Dans la série de salles en enfilade, et peut-être parce que j’ai un faible pour cette période de Miles Davis, l’installation sur le film de Louis Malle – Ascenseur pour l’échafaud nous fournit là un moment d’une grand intensité.
Nous nous retrouvons dans un rapport de vis-à-vis avec Jeanne Moreau grandeur nature, sur cet écran géant, et qui déambule dans le Paris nocture, dans le velouté du noir et blanc de l'époque. Là devant nous défilent les images même sur lesquelles Miles a improviser la musique du film, en quelques prises; une plainte lancinante d’errance et de mal à l’âme qui nous parvient, un demi siècle plus tard, avec la même magie. Ouf!
Malgré l’extraordinaire générosité de cette exposition, j’en suis ressortie complètement sur mon appétit, comme si ça avait eu l’effet d’un teaser géant pour m'inciter à parcourir l’intégrale de l’oeuvre. Aussitôt de retour à la maison j’ai mis Kind of Blue, que je n’avais pas écouté depuis longtemps. Ca n’a pas pris une ride.
En prime : Quand vous irez au Musée, n’oubliez pas de regarder de l’autre côté de la rue où l’église toute emballée pour des travaux de réfection a des allures d’oeuvre de Cristo et Jeanne-Claude, sorte de gros clin d’oeil ironique à l’art contemporain. En prime également, l'architecture du secteur, qu'on a le temps d'observer quand on prend son temps à vélo.
Bémol : Vraiment dommage que le Musée n’offre pas de stationnement avec supports à vélo. On doit se rabattre sur des parcomètres, qui ne sont pas en grand nombre, et ce ne sont pas les modèles pensés pour ça. Pour un musée situé en plein centre-ville – et qui n'a pas de stationnement – il me semble que de prévoir des support à vélos serait logique .
Musée des Beaux Arts de Montréal, jusqu'au 29 août.
1 commentaire:
NDLR : J'ai appris depuis la rédaction de ma note que le Musée est présentement dans une démarche de développement durable et que la question des aires de stationnement pour vélos figure à leur programme. À la fin des travaux du futur pavillon d'Art canadien, il y aura un aménagement paysager qui inclura des stationnements pour vélos.
Enregistrer un commentaire