Bicycle diaries de David Byrne. Chez Penguin books, 2009.
J’ai longuement hésité avant d’émettre une opinion sur ce livre paru l’été dernier. D’abord, je dois confesser mon immense et indéfectible admiration pour David Byrne le musicien de génie (membre du groupe Talking heads). Dans les années 80, j’ai écouté l’album My life in the bush of ghosts probablement jusqu’à pousser mes voisins au suicide. Cet album, qu’il a fait avec Brian Eno fait encore l’effet d’une création d’avant-garde, particulièrement quand on garde à l’esprit qu’il a été entièrement produit à l’ère analogique (par opposition à l’ère numérique).
Le culte autour de cette oeuvre ne se dément pas puisqu’en 2006, l’album a connu une deuxième naissance, dans une version revue et augmentée de pistes inédites, phénomène plutôt rare. Tout un site internet rend compte de cette deuxième vie de l’oeuvre, ainsi que des notes sur wikipédia où l’on peut apprendre la petite et la grande histoire de l’album et de l’oeuvre littéraire à l’origine de son nom. Fascinant.
Bref, c’est habitée de mon admiration pour Byrne-le-musicien, mais complètement ignorante de son état de cycliste new-yorkais que j’ai appris la publication de son livre Bycycle diaries l’été dernier. Je me suis procuré le livre à l’automne, et j’ai commencé à le lire. Et j’ai beau me dire qu’il faudrait bien que je le termine, j’ai beau y mettre tous les efforts possibles, rien n’y fait.
Un ou deux petits problèmes avec le livre. D’abord, c’est un blog publié en livre. Et rares sont les cas à ce jour où ça s’est avéré un succès. Dans le cas de M.Byrne, je crois que son éditeur n’a pas fait sa job d’éditeur qui aurait consisté à demander à M.Byrne de réécrire ce contenu, ses notes du blog. Un blog n’est pas un livre, et vice versa. Et si on a envie de lire les notes d’un blog, on va lire le blog. On achète pas un livre. Les notes qui peuvent nous semblées excellentes, dans le contexte d’un blog, d’une chronique, ne tiennent pas toujours la route dans le monde du livre imprimé. Ici, on a d’autres attentes. Ce sont des bibittes bien différentes, qui ont des exigences d’écriture différentes, et qui fournissent des expériences de lecture différentes aussi.
Deuxième bug : le titre est Bicycle diaries. Alors, il est légitime d’avoir des attentes de ce côté là des choses. On peut parfaitement comprendre que lorsqu’il relate ses voyages à l’étranger, l'analyse politique, par exemple, soit un peu faible. Là n’est pas le propos de M.Byrne qui n’est ni journaliste, ni politologue. On ne saurait lui en tenir rigueur. Alors, on attend le contenu ‘vélo’, on salive, on s'impatiente. Et au bout du compte, on reste sur sa faim. Le vélo, c’est la mineur du livre. David Byrne a beaucoup voyager dans les grandes capitales du monde, en tournée, comme musicien. Il y a fait des rencontres fascinantes avec d’autres artistes et musiciens, et c’est peut-être là le contenu le plus intéressant du livre. Mais la portion ‘découverte à vélo’ de la ville, encore une fois nous laisse un peu en reste. Quelques phrases tout au plus pour chaque ville visitée. Plutôt triste. Je ne m’attendais pas à un guide touristique pour cyclistes. Mais j’avoue que je m’attendais à plus. Peut-être aurait-il fallut un titre différent...
Pourquoi parler en mal de ce livre, alors que j’ai fait par ailleurs d’autres lectures plus réjouissantes ? Parce que c’est plutôt fâchant de dépenser des sous et d’être déçu. Je me suis dit que d’autres comme moi, intéressé à lire sur le vélo, se feront peut-être prendre. Alors, gardez vos sous. Ou plutôt non, achetez l’album, en cd ou en téléchargement. Pour accompagner vos classes de spin ou pour une balade urbaine, quand le beau temps sera au rendez-vous, ça ne vous laissera pas indifférent.
Quand je réécoute My life in the bush of ghosts, j’ai bien entendu en mémoire le choc esthétique que ce fut originalement. Mais ce qui demeure parfaitement contemporain dans l’expérience de cette oeuvre c’est qu’elle nous permet de toucher à ce qu’il y a au coeur de tout acte de création : la liberté. Et au bout du compte, c’est peut-être là le lien le plus fort avec ... le vélo.
Crédits photographiques : Pochette de l'album My life in the bush of ghosts, première mouture (1981). Couverture du livre Bicycle diaries de David Byrne, paru chez Penguin (2009). Identité visuelle de l'oeuvre musicale My life in the bush of ghosts, deuxième mouture (2006).
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