lundi 23 février 2009

Marc Dussault - L'oeil du photographe


Opus Cervin 09

ENTREVUE

Marc Dussault est le photographe des vélos Opus depuis l'introduction de la marque sur le marché en 2001.

U. Ayant depuis de nombreuses années oeuvré dans le domaine de la publicité et de l'édition, la photo d'objet n'a évidemment plus de secret pour vous. Qu'est-ce qui pourrait alors différencier la photo d'un vélo d'un autre objet?

MD. Plusieurs facteurs sont à considérer : D’abord sa taille, Il est plus imposant qu’un pot de yogourt, il va sans dire. Je dois donc disposer d’un espace studio suffisamment grand pour accueillir l’éclairage et la gamme de vélo a photographié au complet. La manipulation du vélo est aussi plus laborieuse et c’est un bon défi de le faire tenir debout seul, en équilibre sur ces roues.
Il nécessite aussi plus d’attention à de multiples détails, très importants pour le client. De plus, il y a beaucoup de pièces mobiles et elles doivent être dans la bonne position et bien propres.
Ensuite, il y a l’éclairage qui nécessite aussi une attention particulière. Un Vélo, c’est plein de pièces réfléchissantes qui luisent dans toutes les directions, Il n’y a que les pneus qui eux, à l’inverse, sont très mats. C’est donc important de bien faire ressortir les détails de ces pièces en utilisant une panoplie de réflecteurs de tout formats.

U. Sans vouloir faire de jeu de mots facile, quel est votre parcours... professionnel?

MD. Sans vouloir faire de jeu de mots facile aussi, je vous répondrais que c’est en faisant des kilomètres que l’on devient meilleur… Je suis autodidacte. Je me suis donc intéressé à la photographie très jeune et je n’ai jamais lâché. J’ai fait pleins d’essais et plein d’erreurs, mais j’ai appris et je suis arrivé à mon but.

U. Quel élément a déclenché cet intérêt de jeunesse pour la photographie?

MD. La curiosité principalement, l’objet lui-même m’intriguait (la caméra) et un jour quand j’avais 14 ans environ, j’ai tout simplement mis un film dedans pour voir ce que ça donnait…
J’ai jamais arrêté.

U. Vous côtoyez autant le milieu de la mode et de la publicité, que celui des artistes. À voir le résultat de certaines photos que vous avez prise des vélos, spécialement ceux de la gamme Urbanista (le Cervin, ci-dessus), on perçoit jusqu'à la personnalité du bicycle, même une certaine présence vivante de l'objet. Il va sans dire que la technique photographique y est pour beaucoup. Pourrait-on dire que vous avez une certaine similitude d'approche entre la prise de vue d'une personne, d'une vedette par exemple et celle d'un vélo?

MD. Je n’ai jamais vu ça comme ça en fait. Pour moi, chaque objet ou personne, m’inspirent d’une façon très différente. Je suis une personne très spontanée, je regarde mon sujet et je trouve l’angle, la lumière et la technique qui me plaît et qui se marie bien avec. Bien entendu, au cours des années, on développe un style et une technique qui nous est propre. Ça se reflète donc naturellement un peu sur les sujets que je photographie. Mais encore là, chaque personnes et objets étant différent, le résultat de l’image le sera aussi forcément. C’est la beauté de la chose, c’est un nouveau défi à chaque fois.

U. Votre approche, sur certaines photos de détails de vélo, se rapproche de la photo d'art. Le vélo se fait alors discret, c'est à peine si l'on peut le reconnaître. Est-ce une approche courante en photo d'objet?

MD. Courante oui, mais pas toujours applicable, ça dépend vraiment de l’utilisation de l’image. Lorsque c’est dans le but d’illustrer un thème vaste, ou de mettre une ambiance dans un document, la photo peut vraiment être très artistique et dans certain cas peu représentatif de l’objet. Elle devient appréciable que par son équilibre sa perception aux yeux de chacun. En contre-partie, si la photo se veut plus technique, la définition de l’image est souhaitable.

U. Faisiez-vous de la photo de vélo avant Opus?

MD. Non, Opus a été mon premier client. Fidèle à moi-même, j’ai fait plein d’essais et j’ai développé une technique qui fonctionne très bien. Je me suis aussi fait de nouveaux amis.

U. Et depuis?

MD. La beauté de faire des photos pour un produit tel le vélo, pendant de longues années, c’est que l'on devient en quelques sortes, un « expert ». Ceci m’a donc ouvert bien des portes au sein des autres manufacturiers. Je fais donc beaucoup de photos pour Kuota et Devinci. Merci Opus!

U. Êtes-vous plusieurs au Québec à faire de la photo de vélo, ou vous êtes-vous retrouver à être LE photographe de vélo?

MD. Dans ce milieu, on ne sait jamais vraiment qui fait quoi, donc je ne pourrais pas vraiment répondre à ça, j’imagine que non. Mais je sais que j’en fais beaucoup par contre.

U. Vous êtes vous-même un cycliste que l'on pourrait qualifier de cyclosportif. Le fait de pratiquer ce sport influence-t-il l'approche de votre prise de vue?

MD. Je dirais que c’est définitivement un atout que d’être cycliste, ça me permet d’être meilleur juge au niveau de l’angle de prise de vue et de la position idéale de chacune des pièces du vélo. Ça devient plus naturel aussi, lorsque je veux être créatif et prendre des angles plus radicaux.

U. Êtes-vous devenu cycliste à force de prendre en vue des vélos?

MD. J’avoue que c’est un objet que j’adorais, je le trouvais beau, raffiné, racé et très technique. Alors si je combine ça avec le fait que certains de mes amis qui s’adonnaient déjà à ce sport d’endurance m’aient initié, oui, le fait de photographier des vélos à certainement jouer un grand rôle. J’ai eu la piqûre tout de suite et j’ai acquis mon premier Opus peu de temps après. Je l’ai vendu 2 ans plus tard et j’en ai acheté un autre que j’ai toujours d’ailleurs.

Marc Dussault Photographe Inc
www.marcdussaultphotographe.com
marcdussault@mdphotog.com

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