mardi 14 juin 2011

Luc Ferrandez, un homme à contre-courant?

Luc Ferrandez enfourche fièrement sa monture, un Classico, pour se déplacer sur son Plateau, son arrondissement. Il en a bien le droit et il donne un bon exemple. Luc Ferrandez est le Maire du Plateau Mont-Royal.

Ardent défenseur de la qualité de vie urbaine, il tente de modifier les consciences et l'environnement urbain de son arrondissement par des mesures que certains pourraient qualifier de radicales mais qui vont dans un ordre d'idée précis : Rendre le milieu urbain plus vivable, plus humain.

Éliminer les immenses panneaux publicitaires qui défigurent l'espace visuel et architecturale, augmenter les zones de parcomètre pour un peu aider l'économie locale mais surtout baisser l’affluence des autos-collantes, et créer des sens uniques afin d'empêcher que les rues du Plateau deviennent des artères secondaires qui ne peuvent supporter un trafic croissant.

Mais depuis peu, depuis qu'il applique ses plans pour faire du Plateau un nouveau milieu urbain où il fait bon vivre, il se butte à des oppositions farouches, voire enragées des automobilistes chassés des petites rues résidentielles.
Malheureusement pour lui, il a appliqué la première phase de son plan de match alors que la ville bloquait elle-même certaines rues pour des travaux de rénovation du réseau. Mauvais "timing"!

Luc Ferrandez voudrait éliminer la circulation de transit, celle des automobilistes qui utilisent les rues du Plateau uniquement pour passer du Nord au Sud de l'île de Montréal. Ce flot de voitures encombre et sature les petites rues de l'arrondissement.

Ce maire, peu orthodoxe, sait que son quartier est celui qui compte le moins de propriétaires de voiture de l'île. Il sait qu'avec de la bonne volonté et une certaine vision d'avenir, ses idées ont du sens. Mais en créant des "sens uniques", dans tous les "sens" du terme, il frappe le mur de la philosophie du "tout à l'auto".

Pourtant le modèle de plusieurs villes, américaines et surtout européennes, nous montre qu'un centre-ville dégagé de circulation crée un modèle économique extrêmement dynamique, viable et une qualité de vie citadine grandement améliorée.

Luc Ferrandez pense à long terme. Mais ce parcours est parsemé d'embûches, car la circulation est une science aussi aléatoire que la météorologie. Ferrandez doit se rappeler de la théorie du chaos, car il s'agit bien de cela.
Mais courage! Du chaos naît toujours quelque chose de bien.

Pour le côté humain, Luc Ferrandez avoue être fatigué par toutes ces controverses. Lui qui pense à bien pour son quartier, doit faire face à de l’incompréhension.
Fatigué? Un autre défi l'attend : un premier enfant. Des nuits interrompues ou même blanches pour les deux à trois prochaines années, voire plus! Fatigué? Épuisé sera-t-il. Va-t-il pouvoir tenir le Fort? Nous le lui souhaitons. Mais pour ce faire, il lui faudra des appuis.

Pour lui envoyer des mots d'encouragements :
http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=7297,75021584&_dad=portal&_schema=PORTAL&id=80423570

photos : Marie-France Coallier

André Pichette, La Presse

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