dimanche 24 janvier 2010

Lire ou ... écouter

Je nourris mes rêves de mouliner dans le bonheur en faisant quelques lectures dont certaines sont vélocipédiques. Voici la première de quatre notes sur de telles lectures.

Bicycle diaries de David Byrne. Chez Penguin books, 2009.

J’ai longuement hésité avant d’émettre une opinion sur ce livre paru l’été dernier. D’abord, je dois confesser mon immense et indéfectible admiration pour David Byrne le musicien de génie (membre du groupe Talking heads). Dans les années 80, j’ai écouté l’album My life in the bush of ghosts probablement jusqu’à pousser mes voisins au suicide. Cet album, qu’il a fait avec Brian Eno fait encore l’effet d’une création d’avant-garde, particulièrement quand on garde à l’esprit qu’il a été entièrement produit à l’ère analogique (par opposition à l’ère numérique).

Le culte autour de cette oeuvre ne se dément pas puisqu’en 2006, l’album a connu une deuxième naissance, dans une version revue et augmentée de pistes inédites, phénomène plutôt rare. Tout un site internet rend compte de cette deuxième vie de l’oeuvre, ainsi que des notes sur wikipédia où l’on peut apprendre la petite et la grande histoire de l’album et de l’oeuvre littéraire à l’origine de son nom. Fascinant.

Bref, c’est habitée de mon admiration pour Byrne-le-musicien, mais complètement ignorante de son état de cycliste new-yorkais que j’ai appris la publication de son livre Bycycle diaries l’été dernier. Je me suis procuré le livre à l’automne, et j’ai commencé à le lire. Et j’ai beau me dire qu’il faudrait bien que je le termine, j’ai beau y mettre tous les efforts possibles, rien n’y fait.

Un ou deux petits problèmes avec le livre. D’abord, c’est un blog publié en livre. Et rares sont les cas à ce jour où ça s’est avéré un succès. Dans le cas de M.Byrne, je crois que son éditeur n’a pas fait sa job d’éditeur qui aurait consisté à demander à M.Byrne de réécrire ce contenu, ses notes du blog. Un blog n’est pas un livre, et vice versa. Et si on a envie de lire les notes d’un blog, on va lire le blog. On achète pas un livre. Les notes qui peuvent nous semblées excellentes, dans le contexte d’un blog, d’une chronique, ne tiennent pas toujours la route dans le monde du livre imprimé. Ici, on a d’autres attentes. Ce sont des bibittes bien différentes, qui ont des exigences d’écriture différentes, et qui fournissent des expériences de lecture différentes aussi.

Deuxième bug : le titre est Bicycle diaries. Alors, il est légitime d’avoir des attentes de ce côté là des choses. On peut parfaitement comprendre que lorsqu’il relate ses voyages à l’étranger, l'analyse politique, par exemple, soit un peu faible. Là n’est pas le propos de M.Byrne qui n’est ni journaliste, ni politologue. On ne saurait lui en tenir rigueur. Alors, on attend le contenu ‘vélo’, on salive, on s'impatiente. Et au bout du compte, on reste sur sa faim. Le vélo, c’est la mineur du livre. David Byrne a beaucoup voyager dans les grandes capitales du monde, en tournée, comme musicien. Il y a fait des rencontres fascinantes avec d’autres artistes et musiciens, et c’est peut-être là le contenu le plus intéressant du livre. Mais la portion ‘découverte à vélo’ de la ville, encore une fois nous laisse un peu en reste. Quelques phrases tout au plus pour chaque ville visitée. Plutôt triste. Je ne m’attendais pas à un guide touristique pour cyclistes. Mais j’avoue que je m’attendais à plus. Peut-être aurait-il fallut un titre différent...

Pourquoi parler en mal de ce livre, alors que j’ai fait par ailleurs d’autres lectures plus réjouissantes ? Parce que c’est plutôt fâchant de dépenser des sous et d’être déçu. Je me suis dit que d’autres comme moi, intéressé à lire sur le vélo, se feront peut-être prendre. Alors, gardez vos sous. Ou plutôt non, achetez l’album, en cd ou en téléchargement. Pour accompagner vos classes de spin ou pour une balade urbaine, quand le beau temps sera au rendez-vous, ça ne vous laissera pas indifférent.

Quand je réécoute My life in the bush of ghosts, j’ai bien entendu en mémoire le choc esthétique que ce fut originalement. Mais ce qui demeure parfaitement contemporain dans l’expérience de cette oeuvre c’est qu’elle nous permet de toucher à ce qu’il y a au coeur de tout acte de création : la liberté. Et au bout du compte, c’est peut-être là le lien le plus fort avec ... le vélo.

Crédits photographiques : Pochette de l'album My life in the bush of ghosts, première mouture (1981). Couverture du livre Bicycle diaries de David Byrne, paru chez Penguin (2009). Identité visuelle de l'oeuvre musicale My life in the bush of ghosts, deuxième mouture (2006).

mardi 19 janvier 2010

Pellete-In du Pont Jacques Cartier

Afin de sensibiliser l'administration du Pont Jacques Cartier à la nouvelle réalité cyclo-hivernale Montréalaise, et aussi du fait que ce Pont est le seul lien pour les cyclistes et piétons entre les deux rives, le collectif "Vélo 365" organise un grand "Pellete-In" du Pont Jacques Cartier, côté Rive Sud de Montréal, le 28 janvier prochain, à 10h. Coin des rues Lafayette et St-Laurent, à Longueuil.
Apportez votre pelle!

À lire, très bon billet de Dumoulin Cycles :
http://www.dumoulinbicyclettes.com/blogue/?p=233

samedi 16 janvier 2010

Le bonheur est dans le ... garage

J’ai tout essayé. Le vélo stationnaire. J’ai écouté un million de podcasts pour tromper mon ennui pendant que je pédalais sur cet engin. Mais la position du vélo stationnaire, ça n’est tout simplement pas la position qu’on a sur un vrai vélo. Les longueurs de piscine s’occupent de me garder la forme cardio-vasculaire. Mais pour les jambes, c’est pas terrible. Il me faut mouliner.

J’ai essayé la classe de spin. Mais je ne me sentais pas vraiment à l’aise dans la faune du gym que j’avais choisi. Un de ces lieux pour voir et être vu. Pas du tout l’ambiance recherchée.

Comme il a été prouvé maintes et maintes fois déjà que le ridicule ne tue pas. Vrai ? Alors, n’en pouvant plus, j’ai enfourché ma bicyclette dans le ... garage.

C’est que j’habite un gros immeuble, de cette architecture de béton qui ne passera jamais à l’histoire. Ni l’histoire de l’architecture, ni l’histoire avec un petit h, ni l’histoire avec un grand h. Pas même l’histoire du béton j’en ai bien peur.

Mais, en cette période de sevrage de vélo, je dois dire qu’il a un grand mérite mon immeuble : un grand stationnement sous-terrain, et de surcroît, plutôt désert à certaines heures du jour et de la soirée. Le dit stationnement est, tout comme l’immeuble lui-même, en forme de U. Le trajet, d’une extrémité à l’autre de ce grand U fait 1/5 de km, cyclomètre à l’appui.

Je prends la bicyclette, puis je pense à un trajet, je visualise n’importe lequel des trajets que je fais pendant la saison, disons de chez moi jusqu’au Vieux Montréal où je travaille régulièrement, j’en estime les km de ce trajet aller-retour, et je fais suffisament de ces 1/5 de km pour arriver au total voulu. Le tout ... dans le garage.

Vous comprendrez que 1/5 de km avec deux virages à angle droit, un au quart du trajet, et un deuxième au trois-quart du trajet, ça fait des accélérations et décélérations multiples, sans compter les deux virages à 360 degrés, un à chaque bout. Super pour les accélérations. Virages excitants. Toutes et chacune des manoeuvres est éxécutées dans le plus pur bonheur. Plus jouissif encore : alors que défile dans mes oreilles le très tonique No Heaven de DJ Champion, et que je me trouve juste à la sortie d'un de mes virages en tête d'épingle, et qu'au même moment la voix out of this world de Betty Bonifassi, pousse son Oh Lord there aint no heaven! Oh Lord there aint no heaven!

Nous devons donc réviser la théorie : non seulement le ridicule ne tue pas, mieux encore, il rend heureux. Parce qu’aussitôt que j'ai dans le corps une dizaine de ces allers-retours (donc 2 km), j’arbore ce sourire parfaitement béat que j’ai habituellement quand je roule en ville. Que Dieu, Boudha ou Toutatis bénisse les endorphines!

Les résidents qui descendent au garage pendant que j’y roule me sourient en retour (forcément, c’est contagieux). Et ils semblent tous, sans exception sincèrement sympatiques à ma cause. Ca à l’air de les réjouir complètement que cette vision d’une femme à bicyclette, avec un grand sourire fendu jusqu’au oreilles, au milieu de cet univers de béton froid et gris et humide et triste, sans horizon, sans lumière du jour, avec pour tout ciel un plafond bas où courent néons et gros tuyaux de chaufferie, un espace horizontal qui n'a pour tout mobilier - hormis les véhicules stationnés, aux aguets - que des containeurs sinistres et des bacs géants de récup. Certaines personnes se tiennent en retrait, observent, osent des petits gestes d’encouragement. D'autres m’adressent quelques mots au passage ou encore s’attardent pour me voir repasser.

Peut-être ont-ils l’impression qu’à force de faire du vélo dans leur stationnement, je travaille pour eux aussi, sorte de danse rituelle, incantation, transe vélocipédique qui viserait à faire venir le printemps plus vite. Malheureusement, j'en ai bien peur, je n'ai pas un tel pouvoir. Mais ce qui est certain c’est que l’hiver me paraîtra moins long!

Crédit photographique : 2 Bike garage par Theresa Redinger. Exposition de groupe Making Camp.

mardi 12 janvier 2010

Le voleur de bicyclette

Ce film de Vittorio De Sica sorti en 1948, est emblématique d'une certaine époque d'après guerre.
Bien malgré lui, un chômeur se voit contraint, sous les yeux de son fils, de voler un vélo s'il veut obtenir et garder un travail de poseur d'affiche.
Ce film est de son temps certes, mais il nous rappelle, encore aujourd'hui, à quel point le vélo, pour bon nombre d'urbains et de campagnards de cette planète, est bien plus qu'un moyen de transport. Il est un élément clé de leur subsistance. Et pas uniquement dans les pays du tiers monde ou les pays que l'on dit "émergents", mais aussi dans notre Occident bien connu.
Avoir un moyen de déplacement autonome est pour la plupart un gage de liberté, une forme d'indépendance, voire un devoir civique environnemental.



La simplicité du concept d'un vélo est à l'épreuve du temps, de la technologie et des modes. L'avenir de ce "deux roues" est loin de péricliter.

Le voleur de bicyclette, un film à voir ou à revoir.
Synopsis du film "Le voleur de bicyclette" (Wikipédia)