dimanche 20 décembre 2009

Cher Père Noël

Si ma vie se réduisait à être une cycliste, c'est-à-dire si, ne serait-ce que l'instant de cette note sur Urbanista, si je pouvais faire fi de tous les autres drames et misères du monde (qui sont, il va sans dire un tetragodzillion de fois plus importants et sérieux), voici ce que je mettrais sur ma liste pour le Père Noël :

Il y a à peine quelques jours, encore un accident impliquant vélo et voiture, à quelques coins de rue de chez moi sur la piste Molson. Donc, je demanderais moins d'accidents en 2010. Chaque incident en est un de trop. Et pour avoir été happée par un chauffard (non pas comme cycliste, mais comme piétonne) il y a de cela bientôt 18 ans, je parle par expérience. Corps humain VS véhicule en mouvement ? Nos chances sont toujours infinitésimales de s'en sortir vivant-e et/ou en état de poursuivre notre route, au propre comme au figuré. S'en est assez. Donc, que le Père Noël nous apporte de la vigilance en masse, tant comme cyclistes que comme automobilistes, vigilance de tous les instants, et beaucoup de gros bon sens aussi (le bon équipement, les bons comportements), et quelques bonnes grosses pelletés de civisme et de patience les uns envers les autres. Qu'est-ce qu'on a donc tous à courir pour gagner quelques secondes ici et là, pourquoi s'entêter à poursuivre cette course absurde vers un fil d'arrivée imaginaire ...

Je demande au Père Noël de mettre dans les bas de Noël de nos décideurs des cartes de pistes cyclables, et un rappel de toutes leurs belles promesses. De leur donner de l'insight, de la vision, pas juste des bonnes intentions. Penser la ville de demain autrement qu'en termes de patchage de trous, ou à simplement essayer de rattraper les besoins connus, c'est-à-dire les besoins d'hier. Il faut penser demain, être visionnaires bon sang! Un peu de courage politique pour ces messieurs et dames.

Ditto pour les responsables du déneigement sur les ponts et chaussées, afin que le 'réseau blanc' ne soit pas une vue de l'esprit, mais une réalité pour ceux et celles qui roulent à l'année. L'hiver est à peine entamé et c'est pitoyable, en particulier sur les rares liens fluviaux.

Sur une échelle plus personnelle, je demande au Père Noël de me donner le temps de réviser mécanique de vélo 101, pour que je sois un peu moins tarte quand je me pointe quelque part pour une réparation ou un ajustement.

Mais surtout, et plus égoïstement, je demande au Père Noël de me trouver un preneur pour mon tank (i.e. Batavus) d'ici le printemps, afin de financer le remplacement de mon Classico actuel pour un Opus avec suspensions. C'est que les rues de Montréal n'épargnent ni le popottin, ni le portable qui est parfois à bord.

Bon, là il faut que je sois super gentille pour avoir tout ça.
C'est dur dur d'être super gentille.
Tellement plus agréable d'être canaille.

Bons congés des Fêtes à tous!

Photographie : Bicycle and antique. Cathy Stanley-Erickson.
http://www.flickr.com/photos/madcitycat/ CC BY-ND 2.0

mardi 15 décembre 2009

La Dolce Vita

Un peu de graphisme... Annonce pleine page pour le Nuovella, à paraître dans le magazine Momentum hiver 09.

Comme ce vélo était inspiré d'une Vespa des années 50, il était naturel d'illustrer le Nuovella dans un contexte visuel italien tel que celui de la dolce vita de Frederico Fellini. Marcello Mastroianni et Anita Ekberg

samedi 12 décembre 2009

À hauteur de selle

Dans une des scènes clés du très beau film La société des poètes disparus, le professeur – incarné par Robin Williams – fait la leçon à ses étudiants : tout est une question de point de vue et de perspective. Il leur demande de monter sur leur pupitre et de constater comment même la réalité la plus banale – leur classe – est différente envisagée à partir de ce nouveau point de vue. La question du point de vue, de sa singularité, se pose à chaque fois que l'on prend la parole, quelle que soit le medium choisi. Tout est affaire de point de vue, de perspective. Leçon qu'ils auront intégrée, comme l'illustre, mémorable, la scène finale du film.

L’histoire de la peinture est en partie, bien que pas exclusivement, une histoire de la représentation, une éducation du regard, et une interrogation sans cesse renouvellée de la question du point de vue. Pour exemple, deux contemporains. Picasso qui, visionnaire, illustre dans ses toiles cubistes la multiplicité et la simultanéité des points de vue. Pas joli joli, mais oh combien brillant! Je pense à l’artiste Allemand Gerhard Richter, dont le Musée des Beaux-Arts de Montréal possède une oeuvre de très grand format, et où l'on voit un paysage, flou, comme une photographie hors focus, une oeuvre qui brouille du coup les frontières entre peinture et photo. Meadowland est une de ces toiles qui fonctionne un peu comme ça.

Et le vélo dans tout ça !!!??? me direz-vous.

J'y arrive.

Plus près de nous, le canadien Alex Colville, un peintre hyperréaliste, nous donne souvent à voir ce que plusieurs fins observateurs auront appelé le low-car-seat level. En effet, quand on regarde certaines de ses toiles, on a l’impression de voir la scène comme si on était assis en voiture, arrêté en bordure de la route, observant la scène alors qu'on est à cette distance précise du sol.

C’est en fréquentant des photoblogs de cyclistes-photographes que j'ai repensé aux oeuvres de Colville et à son point de vue singulier d'automobiliste Nord-américain qui voit la vie de sa voiture.

Si on entend par point de vue, un discours politique, il ne fait aucun doute qu'il existe un et même des points de vue cyclistes. Mais ici, je ne fais pas référence au discours politique. Plus bêtement, je me demande si on peut identifier un point de vue bike-seat-level , en regard à "hauteur de selle" ?

J'essaie de porter attention au style photo des cyclistes-photographes, je cherche à reconnaître une esthétique qui leurs/nous serait commune. Une sorte de signature visuelle, faites de plusieurs éléments qui pourraient s'y retrouver ou pas. La crystalisation d'un regard qui lit la ville et ses objets à partir de la vie à vélo, une représentation de la ville qui ne serait ni celle de l’automobiliste ou du piéton, une esthétique visuelle propre à la gente autopropulsée. Tant dans la manière que la matière de cette photographie là. Des thèmes, des cadrages, un registre - la proximité, un rapport plus intime aux lieux, une vision en mouvement, etc.

Je dis ça comme ça. Peut-être que c'est du délire. Peut-être que c'est déjà l'effet du manque de vélo. L'hiver va être long...

Sources/crédits (dans leur ordre d'apparition) :
Jeremy Hugues. Condor in the snow. Jeremy Huges's photostream sur Flickr.
Alex Colville.
Cyclist and Crow. 1981. (Tiré du catalogue en ligne du MBA de Montréal).
Pörrö. Vauhissa. 2007. The thrill of Cycling sur Flickr.

jeudi 10 décembre 2009

Privatopia

À la fin de mon secondaire, je me souviens d'un prof qui nous a fait tellement suer dans le cours de géographie. Il s'était mis en tête de nous apprendre ce que c'était le phénomène urbain, alors que ce n'était pas au programme. Juste parce que ça le branchait. Juste parce que lui, il était à faire des études en urbanisme. Bref, pendant que les autres groupes se la coulaient douce, nous on trimait dur, et on était vraiment ... cancres. Pauvre prof de géo. Comme il devait nous trouver p-é-n-i-b-l-e-s. Et paresseux. Et empotés!

Je dois donc à son acharnement le fait que je peux à peu près réciter le nom de toutes les ex-républiques Soviétiques, devenues aujourd'hui autant de pays aux statuts flous et instables, constament dans l'actualité politique du village global, ainsi que toutes les provinces de Chine. C'est qu'il était visionnaire notre prof de géo, et qu'il savait que ces coins du globe seraient des points chauds.

Mais surtout, surtout, je lui dois de pouvoir comprendre une ville, du moins en partie, et ce avant même d'y débarquer. Il nous a appris à décoder la ville, à lire les cartes, comprendre les zones, l'organisation, la dynamique d'une aglomération urbaine. Un miracle que tout ça me soit rentré dans la tête!

La ville, c'est une bibitte plutôt complexe. Et si on ajoute à ça les banlieues, le phénomène de l'étalement urbain, les cas de figures sont légion.

Quand on est à vélo, on parcours la ville. Non seulement on prend la mesure de l'espace, des distances, mais on prend vraiment acte, physiquement acte, de la transformation de cet espace au fil des projets, des développements, des réaménagements.

On observe récemment des phénomènes qui font beaucoup réagir dans le grand Montréal. Je pense au quartier Dix30 de Brossard. Au projet Griffintown à Montréal. A la multiplication des quartiers de MacMansions - genre de méga-bungalow sur les stéroïdes, apothéose du consumérisme.

La ville, en particulier la ville nord-américaine, c'est un langage complexe. Bien sûr, il existe 73,247 livres sur le sujet. Mais la vie est courte. On peut pas tout lire. Alors, pour avoir un peu plus prise sur ce glossaire, voici un petit dictionnaire visuel, concis, percutant :
A field guide to sprawl (traduction libre : guide d'interprétation de l'étalement urbain) dont les textes sont de Dolores Hayden et les photographies de Jim Wark.

Principalement composé de photographies pleine pages, ce petit guide se feuillette avec bonheur. C'est qu'on a enfin des mots pour nommer cela même qu'on a vu de nos yeux vu! Cela même qu'on aurait peut-être envie de... dénoncer. Et pour ça, ce serait bien pratique de pouvoir nommer la dite chose qui nous irrite. Comme ces quartiers conçus sans aucun trottoir pour les piétons. Ou les centres commerciaux lovés dans la bretelle d'un autoroute, encore un lieu inaccessible aux cyclistes et aux piétons.

Des mots pour articuler nos désirs de commerces de proximité, de quartiers sécuritaires, de densité de population en milieu urbain, pour que ne meurt pas la ville centre au profit des banlieues. Pour que les banlieues elles aussi soient des milieux de vie à échelle humaine.

Une Privatopia, c'est un quartier à accès limité, où des lois et règlements sont édictés et suivis par les résidents, soit sous prétexte d'une plus grande sécurité pour chacun, ou dans le but de regrouper des ménages partageant le même statut social élevé.

PS Le guide n'est pas traduit pour le moment, mais comme il s'agit d'un glossaire visuel, la lecture en est assez aisée.

lundi 7 décembre 2009

Artiste en vélo - Melsa Montagne

3 questions à propos du vélo ont été posées à différents artistes.



Melsa Montagne est une jeune peintre montréalaise dynamique et créative qui s'est joint, il y a quelques années, à un concept de duo musique et peinture, le groupe Acrylique Acoustique. Le vélo est pour elle un art de vivre. Il fait partie inhérente à sa vie urbaine.
www.melsa.ca



Q - Melsa, qui êtes-vous?

Melsa Montagne - Authentique et spontanée, je trouve mon inspiration à travers les réactions et les émotions que projettent les gens. Le personnage singulier m’inspire. Une simple promenade dans mon quartier me fait souvent créer deux ou trois œuvres. Travaillant rapidement et sur plusieurs œuvres en même temps, mon choix de médium s'est vite fixé sur l’acrylique. Je recherche beaucoup le retour à la toile lorsque qu’une profondeur s’installe. Je vais mixer le « dripping » aux aplats de couleurs plus graphiques que je fais préalablement. J’utiliserai alors l’encre de chine noir, pour cibler et pour accrocher l'oeil sans pour autant laisser une note malheureuse.

Constamment à la recherche de contrastes forts et signifiants, je m’inspire beaucoup d'anciennes sérigraphies et d’illustrations. Le résultat de certaines de mes erreurs me donne une ouverture sur d’autres avenues. Elle m’aide à créer. Mes œuvres témoignent d’une conscience de la matière. J’y incruste des collages noirs et blancs d’architecture que j’ai pris en photo. Mais mon geste reste souvent spontané.

En 2005, je me propulse dans l’univers public et y prends goût. Développant une aisance à créer rapidement une œuvre en direct dans divers événements, je me joins au musicien Sébastien Moreau, guitariste, du groupe Acrylique Acoustique pour poursuit cette recherche en donnant mensuellement des spectacles à travers le Québec. Parallèlement, j’expose par-ci, par-là, dans les régions de Montréal.

Q - Pour vous, que représente le vélo?

Melsa Montagne - Le vélo est pour moi un idéal de transport, une liberté sur deux roues! J’ai une sensation d’appartenance sur mon guidon… je me sens moi! C’est mon indépendance.
Il est lié à un certain confort, une habitude de vie qui fait bouger. J’adore pédaler et avancer sur la route où l’on ressent l’impact direct de la nature. C’est tellement plus motivant pour continuer à rouler. Peu importe l’état et la sorte de bécane, il est MON mode de déplacement, autant pour le travail que pour le loisir.
Si on parle environnement, je n’ai rien d’autre à dire que dans le meilleur du possible, on devrait tous se déplacer en vélo. Il n’y a que des avantages! Je vous mets au défi de venir me dire qu’il est impossible dans votre cas de l’utiliser pour certains de vos déplacements, et je vous trouve une solution!

Q - Quelle influence a le vélo sur votre quotidien et/ou sur votre création?

Melsa Montagne - Je n’ai pas besoin d’un but spécifique pour prendre mon vélo. L’amour du vélo m’est assez imprimé pour avoir toujours envie de le prendre.
Côté transport, pour l’efficacité versus temps du vélo à titre de rendez-vous, c’est génial! C’est le temps de sortir ses talents de planification d’horaire...

Il me donne satisfaction émotionnelle, psychique et physique.
Juste pour la sensation physique intérieurement lorsqu’on a est arrivée à destination et qu’on reprend son souffle. Quel bien fait! Plus je pédale, plus l’envie de créer me prend et je suis prise entre l’envie de continuer celui de peindre. Alors, j’ai souvent les 2 avec moi, dans mon sac à dos! Je me dois d’avoir un porte-bagages spécialement conçu pour le transport de mes œuvres lors de mes accrochages et décrochage pour mes expositions. Quel bonheur mon autonomie aurait!

Q - Comment le vélo vous fait voir la ville?

Melsa Montagne - J’opte pour le trajet différent chaque fois que je vais quotidiennement à un endroit. Tout est près en ville et il y a tellement à voir qu’on ne peut se limiter à un chemin.
Spontané, le vélo me suit… là où je ne sais pas où je vais… et je découvre. La ville est meilleure et authentique si on la prend telle qu’elle est, lumineuse, brumeuse, froide ou chaude. Le vent nous dit : « habille-toi en conséquence! »






crédits photos et films
- Dans l'atelier : Marjolaine Dionne
- Peinture en direct (avec caméraman à côté) : Simon Gaudreau
- Peinture en direct (mes mains qui peind en bleu)
: David Fraser
- Peinture en direct (avec la ''guenille'') : David Fraser
- Peinture en direct (le visage violet) : David Fraser
- Exposition au Barbare : Karine Léger

- Vidéo / teste de texture, séquences photos : David Fraser

Fermeture du pont Jacques-Cartier

« Avec l’arrivée du temps froid, ainsi que sur la base des prédictions météorologiques d’Environnement Canada pour les prochains jours, la piste cyclable située du côté ouest du pont Jacques-Cartier et le trottoir situé du côté est du pont fermeront officiellement pour la saison 2009, tôt en matinée (5h) ce mercredi 9 décembre. Nous vous aviserons au printemps, lorsque la piste sera à nouveau ouverte. Bon hiver à tous. »

Jean-Vincent Lacroix Conseiller - AGC Communications

Photo : Alec

jeudi 3 décembre 2009

L'art urbain au quotidien



Ce dessin est de Gabi Campanario, un illustrateur qui fait partie du collectif Seattle Urban Sketchers, le dit collectif faisant partie d'un regroupement plus grand encore du nom de UrbanSketchers.

Les règles y sont simples. Peindre, dessiner 'sur le motif' (i.e. jamais d'après photo), au quotidien, dans la ville, et partager ses dessins avec d'autres artistes de partout dans le monde.

Les dessins, comme le nom du collectif l'indique nous présentent des scènes croquées chaque fois en milieu urbain, qu'il s'agisse de leur ville d'origine ou d'une ville visitée en voyage.

Ce site est une vitrine extraordinaire de vignettes croquées sur le vif, dans un café, sur une place publique, un intérieur, des portraits, des vues, très souvent des croquis architecturaux, mais aussi et surtout une gallerie de gens talentueux, créatifs et inventifs. On y prend vraiment le pouls de la vie urbaine, et le regard des artistes sur cette même vie urbaine, puisque leurs dessins opèrent une découpe dans ce monde foisonnant.

Pour moi qui suis si peu habile en dessin, c'est comme de suivre un cours puisqu'on y trouve très souvent, côte à côte, le dessin et le modèle. Tous les mediums y sont représentés, dont de magnifiques aquarelles, et, maintes fois, comme ici, le sujet est un vélo ou des gens à vélos, puisque la bicyclette est une bête urbaine qui vit partout sur la planète.

Pour le moment, je n'y ai repéré qu'une artiste de Montréal, Juliana Russo, et son choix de motif ne pouvait être plus montréalais... (voir à droite)

Les artistes qui souhaitent contribuer à UrbanSketchers sont d'abord incité à montrer leurs dessins dans le 'pool' Flickr des Urbansketchers, et de là, ils pourraient se voir inviter à participer au site principal.

Je trouve que dessiner sa ville, la vie urbaine quotidienne qui s'y déroule sous nos yeux, ce n'est possible que si l'on prend le temps de s'arrêter, que nous déambulions à pied ou à vélo. Écrire, dessiner, photographier, sont donc pour moi des vecteurs de cette préhension différente de la ville, une où la lenteur est souhaitée et célébrée.

NB Le site UrbanSketchers est abondament nourri par ses participants, et le fil des notes (des dessins) y défilent rapidement. Si vous n'y aller que rarement, attendez-vous à avoir à retourner en arrière (en cliquant sur 'old posts' au bas de la page) parce que l'ergonomie du site est telle que l'écran principal ne contient que très peu d'entrées récentes.